"LLe Maroc et l'Espagne ont fait part, lundi, de leur ferme volonté de "mobiliser tous les moyens nécessaires" pour lutter contre les mafias de l'immigration clandestine qui s'adonnent de plus en plus au trafic des mineurs après le resserrement de l'étau sur les mafias de l'immigration des adultes.
Cet engagement a été annoncé, lors d'une conférence de presse à Madrid par la Secrétaire d'Etat espagnole chargée de l'immigration, Mme Consuelo Rumi, et le Wali directeur général des Affaires intérieures au ministère de l'Intérieur, M. Mohieddine Amzazi, qui ont présidé la 5ème réunion du groupe de travail permanent maroco-espagnol sur l'immigration.
Les deux responsables se sont réjouis des "excellents résultats" enregistrés dans la lutte contre l'immigration clandestine, soulignant que ces résultats sont "le fruit de la coopération exemplaire" entre les deux pays, coopération qui "peut servir de modèle" pour tous les pays de la région.
Mme Rumi et M. Amzazi ont, toutefois, exprimé leur préoccupation pour le tout nouveau phénomène de l'émigration illégale d'un grand nombre de mineurs qui arrivent en Espagne à bord d'embarcations de fortune, s'accordant à souligner que les mafias ont changé de stratégie après le durcissement des contrôles et de la lutte, de part et d'autre, du détroit de Gibraltar.
Les autorités espagnoles avaient annoncé, la semaine dernière, une baisse de 17 pc en termes d'arrivées d'immigrés clandestins en provenance du Maroc durant les six premiers mois de l'année par rapport à la même période de l'année précédente. Ces chiffres coïncident avec les statistiques données du côté marocain. En effet, les tentatives d'émigration clandestine vers l'Espagne ont diminué de 20 % durant les six premiers mois de l'année en cours par rapport à la même période de l'année 2004. Cette baisse a été de 41 % à partir des provinces sahariennes du Maroc vers les Iles Canaries.
"Après le resserrement de l'étau sur les mafias de l'immigration clandestine des deux côtés du détroit de Gibraltar, celles-ci ont changé de stratégie en s'adonnant de plus en plus à l'immigration des mineurs d'âge", a expliqué M. Amzazi, dans une déclaration à la MAP. Il a souligné la "sensibilité" de ce sujet, eu égard à la situation fragile du mineur, dont les droits sont protégés par plusieurs lois et conventions.
M. Amzazi a annoncé que les deux pays planchent actuellement sur la concrétisation du projet de construction au Maroc de centres d'accueil des mineurs marocains non accompagnés rapatriés d'Espagne, qui pourraient être édifiés dans un premier temps dans les villes de Tanger, Nador, Laâyoune et Dakhla, avec l'aide de l'Espagne.
Agir d'urgence
Concernant le déploiement d'un système de surveillance des côtes marocaines, M. Amzazi a annoncé une réunion incessante d'experts marocains et espagnols qui vont "procéder au dimensionnement de cet appareillage et à sa configuration, tout en ayant à l'esprit les enjeux qui sont les nôtres".
"L'Espagne et l'Union européenne sont appelées à apporter leur aide au Maroc, car le Royaume a d'autres priorités et pas uniquement l'immigration clandestine", a dit M. Amzazi, qui a rappelé que l'Europe des 25 avait promis de débloquer une enveloppe de 40 millions d'euros comme contribution aux efforts du Maroc dans la lutte contre l'immigration clandestine, une promesse qui n'a pas encore été concrétisée.
Le responsable marocain a insisté sur la synergie entre tous les intervenants pour une plus grande efficacité des moyens déployés par les deux pays dans la lutte contre l'immigration clandestine. "Nous sommes disposés à redoubler d'efforts mais chaque chose a un prix", a dit M. Amzazi, qui a mis en relief le poids que représente pour l'économie marocaine la mobilisation d'importants moyens humains et matériels pour le contrôle des frontières et la répression des mafias du trafic des êtres humains.
Pour sa part, Mme Rumi a indiqué que les deux pays sont appelés à "agir d'urgence" pour endiguer le flux des mineurs qui débarquent illégalement sur le territoire espagnol, soulignant que cette action devrait concerner "le contrôle des frontières, l'amélioration des procédures de rapatriement et la protection des droits des mineurs".
Elle a fait part de la disposition de son gouvernement à mobiliser les moyens nécessaires pour renforcer "la coopération modèle" entre le Maroc et l'Espagne en matière d'immigration, précisant que les deux pays travaillent actuellement pour l'élaboration d'une batterie de mesures destinée à lutter contre le phénomène de l'immigration des mineurs non accompagnés.
Le Secrétaire d'Etat espagnol à la sécurité, M. Antonio Camacho, s'est, quant à lui, félicité des "excellents résultats" enregistrés depuis 2004 grâce à la coopération entre les services de sécurité marocains et espagnols, annonçant le prochain démarrage de la troisième phase des patrouilles mixtes qui contrôlent les côtes des deux pays.
Outre la lutte contre l'immigration clandestine et le phénomène des mineurs non accompagnés, la 5ème réunion du groupe de travail permanent maroco-espagnol sur l'immigration a abordé plusieurs autres questions liées à l'intégration de la communauté marocaine établie en Espagne.